Défense de la langue française   
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Éditorial N° 291


Aux Plumiers d’or

Dans l’amphithéâtre Foch de l’École militaire, le 10 mai 2023, étaient accueillis les lauréats du Plumier d’or, leurs parents et leurs professeurs de français (voir DLF n° 289, p. II).
Notre président, Xavier Darcos, chancelier de l’Institut, a félicité les soixante collégiens, venus de près ou de loin, voire de très loin, pour assister à cette cérémonie
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Nous sommes tous réunis ici grâce à l’association Défense de la langue française pour la remise des prix du Plumier d’or.

Je voudrais avant tout remercier l’École militaire, qui nous reçoit si nombreux, et la Marine nationale, qui nous apporte depuis des années son soutien indéfectible. Je salue tout particulièrement Mme Andrea Marcolongo, Écrivain de marine, marraine de ce Plumier d’or 2023, l’équipe qui a préparé ce concours, les professeurs qui guident les élèves dans l’apprentissage de la langue, ainsi que les chefs d’établissement qui ont accepté de soutenir cette initiative.
Mais je voudrais surtout, évidemment, féliciter les 60 plumes lauréates. Quel succès cette année ! Un déferlement de près de 24 000 plumes dansant sur les pages de l’épreuve dans presque 1 000 classes de 4e.
Chers lauréats, vous êtes de glorieux combattants ! Vous venez d’horizons divers : de la région parisienne certes, mais aussi du Mans, de Tours, de Reims, de Clermont-Ferrand, d’Annecy, de La Rochelle, de Poitiers, et plus loin encore, du Luxembourg, de Suisse, de Tunisie, du Liban, de Madagascar, de Mauritanie ou du Maroc.

Dans cette redoutable épreuve, vous avez montré que vous saviez éviter l’anglicisme, contrer le barbarisme, manier le verbe et ses conjugaisons avec adresse, et que le lexique et ses étymologies étaient vos alliés. Bravo à vous qui avez su éviter tous les écueils !

Nous défendons la langue parce que nous croyons que c’est l’affaire d’une vie, de notre vie. J’en sais moi-même quelque chose : j’ai eu l’honneur d’être ministre chargé de la Francophonie et premier président de l’lnstitut français. Mais surtout j’ai été professeur plus de vingt ans et l’emploi d’une langue claire et correcte, lisible et soignée, accessible à tous, a été un combat permanent. Partout, lorsqu’on rencontrait des francophones, on avait en face de soi des esprits clairs, des esprits libres, qui s’exprimaient avec une qualité intellectuelle indéniable.

Ce combat, nous continuons à le mener tous, chacun à notre place. Nous défendons ce en quoi nous croyons et que nous aimons. Tout comme l’Académie française dont j’ai l’honneur d’être membre et qui va fêter bientôt ses 400 ans (mais cela ne se voit pas que nous sommes si vieux !). Et pourquoi l’Académie française a-t-elle été créée par Richelieu il y a quatre siècles ? Sans doute pour sauvegarder la langue, mais aussi parce que Richelieu avait compris qu’il fallait qu’il y ait une langue française correcte, propre, très utilisable, qui permettrait le dialogue avec les autres cultures européennes et qui, surtout, offrirait un idiome commun. « Quand l’Europe parlait français », comme l’écrivait mon regretté confrère et ami Marc Fumaroli... Oui, c’est bien grâce à la sauvegarde d’une langue exacte que la France a pu conserver son influence en Europe.

Le français continue à vivre, il continue évidemment à accepter des emprunts, à utiliser des ressources qui sont, qui étaient naguère étrangères. L’usage le fait évoluer bien entendu, mais, pour autant, les nouveaux termes qui apparaissent doivent éviter le ridicule, la laideur, l’absence de clarté et les anglicismes inutiles. En maintenant un idiome précis et commun, un lexique débarrassé d’un brouillard cosmopolite, je crois tout simplement que nous pensons mieux. On ne pense pas sans mots et c’est avec des mots corrects qu’on pense correctement.

Je voudrais revenir à nos jeunes lauréats, leur dire combien nous sommes fiers d’eux. Alors persévérez ! Soyez les disciples de Molière et de Senghor, continuez à apprendre et aimer le français, continuez à sauvegarder cet héritage, nous avons besoin de vous ! Vous incarnez l’avenir et l’avenir de notre langue !
Xavier Darcos
Chancelier de l’lnstitut de France

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